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La rentrée, un risque pour l’intimité du couple ?

La rentrée est déjà là. Comme chaque année, on se précipite sur les mille et une choses à faire, dans l’espoir que tout soit parfait. Comme chaque année, on est vite dépassé par le temps. Envolé le bénéfice des vacances, pour soi et pour son couple ! Comment conserver une relation intime et chaleureuse dans son couple malgré les bourrasques du quotidien ? Quel credo se donner pour maintenir le précieux équilibre de notre relation amoureuse ? Pour la rentrée, la psychanalyste Liliane Holstein, auteur du livre “La magie du couple heureux” paru chez Josette Lyon, nous donne les bons conseils indispensables pour nous aider à démarrer l’année du bon pied.

 

 

Elise Simplon : Pourquoi se consacrer des moments à deux est-il essentiel pour un couple ?

Liliane Holstein : C’est essentiel parce que c’est un moyen de se reconnecter, de se retrouver dans des micro-oasis, on a l’impression de s’appartenir à nouveau, on retrouve des regards complices. C’est une sorte de bulle hors du temps et c’est indispensable pour entretenir l’amour et l’attachement.

ES : Quels sont les risques pour un couple qui ne se consacre pas un temps suffisant quotidiennement ?

LH : Le risque principal c’est de s’éloigner physiquement et affectivement. La vie actuelle est tellement stressante et en même temps elle offre tant de possibilités de diluer son attention sur toutes sortes de stimulations au lieu de se polariser sur les personnes que l’on aime vraiment.

C’est encore plus vrai en ce qui concerne le couple car l’assurance de retrouver l’autre chaque jour entraîne une forme de laxisme affectif, une espèce de paresse effective.

ES : Au retour des vacances, comment faire pour ne pas se laisser envahir à nouveau par son quotidien ?

LH : En rentrant il faut vraiment se poser la question chaque jour “Quel est mon essentiel dans ma vie ?”

On se rend compte que la réponse finalement se tourne bien souvent vers les êtres aimés. L’essentiel, si on pose la question, c’est la personne que l’on aime, c’est son amour, ses enfants. Très souvent, son amour, son couple. Quand on a la chance de vivre en couple, il faut multiplier les moments hors du temps parce qu’ils constituent finalement des vitamines mentales excellentes pour rester optimistes et positifs. L’amour, c’est le meilleur des anti dépresseurs. Il faut bloquer sur son agenda, à l’avance, en rentrant de vacances. Organiser des soirées ensemble, à l’extérieur et sans les enfants, pour des concerts, se faire un cinéma, un restaurant. Faire des choses à deux. Simplement se promener, ne serait-ce une heure ensemble, mais se fixer des jours dans la semaine. S’organiser, avoir toujours une ou deux baby-sitter.

On peut s’inscrire également ensemble à une activité agréable. On peut instaurer une soirée régulièrement sans télévision, sans ordinateur. Parfois il faut se faire violence parce qu’on est tellement conditionnés à être entourés d’écrans à longueur de temps, même dans sa vie privée.

 

L’amour, c’est la base de tout. La priorité c’est d’être heureux dans sa vie privée.

 

La rentrée un risque pour l'intimité du couple ? Entretien avec Liliane Holstein.
Liliane Holstein, psychanalyste et auteure de trois livres “La magie du couple heureux” et “Le burn out parental” chez Josette Lyon éditions.

 

ES : Connaissant la pression qu’exerce notre société sur l’encouragement à la réussite et à la performance professionnelle, comment s’affranchir de la culpabilité d’accorder du temps à son couple ?

LH : Si l’on éprouve de la culpabilité parce qu’on accorde du temps à son couple c’est qu’il est urgent de réfléchir au sens que l’on veut donner à sa vie. Si l’on se pose la question, c’est qu’on a perdu le sens de l’importance de l’amour.

L’amour, c’est la base de tout. Toutes les pathologies que l’on rencontre en psychologie, en psychanalyse, tous les gens qui viennent nous voir ont toujours une problématique avec l’amour. Que ce soit l’amour des parents, l’amour dans son couple, l’amour avec les enfants… L’amour, ce n’est pas juste un mot pour faire joli, c’est le fondement et l’essence de notre existence sur cette terre. La priorité c’est d’être heureux dans sa vie privée. Le travail, la réussite ne peuvent venir qu’après. Tout miser sur la réussite et la performance finalement dénote une fragilité affective qui est sublimée dans des artifices sociaux, le travail en fait partie. C’est le meilleur moyen de se retrouver en burn-out professionnel ou en burn-out tout court, ou en dépression à plus ou moins long terme. En tous cas de passer à côté de l’essentiel de sa vie.

ES : De la même manière, comment assumer sereinement l’idée de confier ses enfants à un tiers pour se réserver un week-end à deux ?

LH : (Les mères) imaginent qu’elles sont les seules à pouvoir apporter du bonheur à leurs enfants. C’est une grande erreur parce qu’en fait les enfants adorent les moments hors du temps et hors des rythmes de leur quotidien. Pour eux c’est un bon moyen de vivre de bons moments avec des grands-parents par exemple, sans les parents, avec des cousins cousines, avec des amis, avec des voisins… Ils se socialisent et comprennent que ces mini séparations sont sans conséquences car les parents reviennent toujours. En prime, ils semblent plus heureux et plus amoureux, et plus détendus… Tout le monde y trouve son compte.

 

 

La magie du coouple heureux,
Liliane Holstein,
Editions Josette Lyon

 

 

ES : Quels sont les signes d’alerte qui montrent qu’un couple est en train de se déconnecter ?

Lorsqu’il n’y a plus de contact physique, plus de geste tendre, de mots doux, de complicité, de bienveillance, de compassion l’un pour l’autre. Quand l’un vit quelque chose de difficile, l’autre ne s’en préoccupe plus, semble absent de ce que l’autre vit.

Lorsqu’on se parle à coup de critiques, sur un ton dur comme si l’on parlait à un ennemi.

Lorsque l’on ne se regarde plus en se parlant. Avec une impression d’être juste un couple parental qui assure la quotidien ou d’être des sortes de colocataires. On voit ça également lorsqu’il n’y a plus de sexualité, plus de désir, une sensation d’étrangeté par rapport au corps de l’autre, plus d’appel sensuel par rapport au corps de l’autre, son odeur, le toucher de sa peau.

Un autre signe qui est typique de notre époque, c’est quand chacun a plus de plaisir à communiquer avec d’autres, sur des réseaux sociaux par exemple, plutôt que de se parler en couple.

Rien ne peut se faire sans la connexion physique. Se prendre dans les bras, se toucher, se regarder vraiment, se parler vraiment, s’écouter vraiment.

ES : Quels sont les bénéfices pour un couple qui s’accorde du temps quotidiennement ?

LH : On le voit au niveau de la santé. Ils sont plus optimistes et la vie est plus joyeuse. Ils ont moins de symptômes psychosomatiques, moins de déprime… Chaque fois que l’on se prend dans les bras, que l’on est dans un rapport amoureux, on est regonflés aux endorphines. Surtout quand on a pris le temps de se serrer, de s’embrasser, de rire ensemble, d’échanger des regards complices. Sortir de chez soi pour aller travailler et avant de sortir se serrer contre la personne que l’on aime, d’avoir échangé un baiser… Ce sont des vitamines pour toute la journée. C’est une manière quotidienne de se remémorer les promesses d’amour du début de la relation. C’est une manière de dire à son amoureux ou à son amoureuse “Je t’aime toujours autant et n’aie pas peur, tu es mon essentiel.”

Belle rentrée les amoureux !

 

 

Liliane HOLSTEIN, Psychanalyste et thérapeute des relations familiales, THERAPIES DE COUPLES

Liliane Holstein est également auteure de trois livres “La magie du couple heureux”, “Le syndrome de la mouche contre la vitre” et “Le burn out parental” aux éditions Josette Lyon/Trédaniel .

Boulogne Billancourt

Tel :  01 48 25 67 11  ou  06 33 21 31 21

www.psychanalyste-holstein.com

 

 

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