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Parents et amants, comment concilier ces deux amours ?

Parents et amants… Comment trouver le bon équilibre ? Quand le bébé vient de naître, plus rien n’est comme avant. Fatigue, peur de ne pas comprendre les besoins de l’enfant, angoisse de mal faire, nuits découpées en rondelles, recherche de perfection, modification hormonale de la mère, inquiétudes du père… Le couple doit s’adapter à tous ces changements tout en restant solidaire.  Pour éviter erreurs et fausses routes, la préparation est de mise. Comment créer une harmonie et un juste équilibre entre sa vie d’amants et sa vie de parents ? Un exercice parfois compliqué, mais tout à fait réalisable, nous rassure la psychanalyste Liliane Holstein.

 

Elise Simplon : Qu’est-ce qui fait que certains couples ne parviennent pas à se retrouver après la naissance de leur enfant ?

Liliane Holstein : Tout à fait naturellement, il y a une véritable symbiose entre la mère et l’enfant, surtout quand le bébé vient de naître. Tout au long des mois qui vont suivre il y a une véritable bulle qui s’établit entre la mère et l’enfant. C’est tout à fait normal, il n’y a rien de pathologique. Ce qui risque de perturber c’est le besoin de perfection que peut avoir la mère pour son bébé. Elle a cette obsession de tout bien faire, et donc il n’y a pas de place pour la relation de couple.

La mère est complètement obnubilée par l’idée de bien faire les moindres actions de la vie quotidienne avec l’enfant. De plus, avec les nuits parfois compliquées avec un jeune bébé, la fatigue est vraiment présente et joue un rôle important.

Il y a une période d’adaptation aux besoins de l’enfant qui est tout à fait normal, avec parfois un peu d’angoisse, un peu de panique à l’idée de ne pas comprendre les pleurs du bébé, son alimentation, ses besoins, ses rythmes de sommeil… Donc il y a vraiment une adaptation inévitable, une période qu’il faut accepter de la part des mères à ce moment-là.

De plus, on passe de deux à trois, donc il existe inévitablement une période d’adaptation aussi pour le couple dans lequel chacun doit trouver sa juste place.

ES : Comment le couple peut-il se préparer à l’arrivée de l’enfant pour ne pas être débordé par certains problèmes ?

LH : il faut en parler, il faut avoir de vraies conversations sur le sujet avant la naissance de l’enfant et se rappeler que ce qui sera bon pour tout le monde, y compris pour le bébé, c’est la solidité de l’amour du couple, la solidarité.

Bien entendu,après l’accouchement, il y a une étape transitoire à respecter avant de pouvoir se retrouver dans une relation complice et intime. Je pense qu’une femme notamment après une grossesse voit son corps se transformer et n’éprouve pas vraiment de désir ou en tout cas moins de désir.

Il est important que son conjoint la rassure avec tendresse et lui montre, lui dise,  combien il l’aime, même avec quelques modifications physiques dues à la grossesse et qu’il la trouve toujours aussi belle, peut-être même encore plus belle.

L’expression du désir et de la réassurance sur son physique est très important pour les femmes à ce moment-là puisqu’elles sont un peu fragilisées. Neuf mois de grossesse laissent des traces pendant quelques semaines, même si on fait attention à son poids. Les femmes ont besoin d’être rassurées par l’homme qu’elles aiment.

Bien entendu, après l’accouchement, il y a une décompensation hormonale physiologique tout à fait normale qui génère une fatigue et une émotivité. Ces émotions se conjuguent très souvent aux émotions très fortes de la découverte de son bébé. Donc il y a des émotions psychologiques et affectives à ce moment-là qui s’allient à de la fatigue, aux nuits difficiles. Tout cela rend un peu les choses compliquées pendant quelques semaines. Il ne faut pas se décourager et surtout se rappeler que nous sommes deux, avec une grande solidarité dans le couple.

C’est important de préparer cette phase et d’en parler avant la naissance de l’enfant.

ES : Quels conseils donner à un père qui se sentirait délaissé par sa femme, devenue une mère exclusivement centrée sur son enfant ?

LH : Le père ne doit pas se replier sur lui-même, sur sa frustration et sa tristesse. Il faut qu’il ose en parler à sa compagne. Pas sur le ton du reproche ou de la frustration qu’il éprouve car  à ce moment-là c’est l’inverse qui va se produire. Sa femme se sent alors submergée par la demande de son conjoint et en même temps par celle de son enfant. La fatigue aidant et la peur de ne pas y arriver génèrent le fait qu’elle met les besoins de son mari et de son enfant sur le même registre, c’est ce qui pourrait créer un problème, puisque ce ne sont pas du tout les mêmes besoins.

Le père doit également prendre sa place avec son enfant. Il faut qu’il ose prendre sa place. Il a besoin de tisser avec son bébé du lien, des sentiments, d’accomplir des gestes de la vie quotidienne pour le bébé. C’est ce qui va construire le sentiment d’attachement avec son enfant.

La femme doit veiller à ne pas s’accaparer l’enfant jalousement. C’est un des travers de certaines jeunes mamans, elles s’accaparent l’enfant et composent une bulle hermétique avec lui. Il faut vraiment qu’elles veuillent laisser la place à leur conjoint dans la relation avec l’enfant. Tout le monde va y trouver son avantage. Le bébé a vraiment besoin d’avoir des moments, seul avec son père, d’avoir des moments uniques avec lui. Cela permet aussi à la mère de se reposer, de se réapproprier son corps, de faire du sport, de prendre soin d’elle, de se détendre. Forcément, le couple sera plus équilibré et détendu. Chacun sera à sa place : le couple parental, l’enfant et le couple à proprement parler.

 

Ce qui sera bon pour tout le monde, y compris pour le bébé, c’est la solidité de l’amour du couple, la solidarité.

Liliane Holstein, psychanalyste et auteure de trois livres, dont : “Le burn out parental” et “La magie du couple heureux” aux éditions Josette Lyon.

ES : Comment équilibrer ces deux amours, l’amour pour son (sa) partenaire et l’amour pour son enfant, sans que l’un ou l’autre se sente exclu ?

LH : Ce n’est tout simplement pas le même amour. L’amour avec un enfant est fait de protection, d’attention, de tout ce dont il peut avoir besoin et de tendresse bien entendu. L’amour dans son couple est issu de l’amour amoureux pour un adulte. Les deux ont besoin de manifestation d’amour chaque jour mais ce n’est pas le même amour, il faut vraiment se le dire. Dans son couple, on a besoin de tendresse, de moments de complicité, de partage amoureux.  Même si le désir sexuel n’est pas encore revenu totalement, il y a plein d’autres manières de partager l’amour. De tout cela découle un équilibre et une bonne atmosphère pour le couple, y compris pour l’enfant. Les enfants ont fondamentalement besoin de sentir une atmosphère équilibrée, paisible, sans stress, sans disputes… Les enfants sont des récepteurs, c’est ce que j’explique souvent dans mes livres. Ce sont de véritables récepteurs ultra sensibles et ils ressentent instantanément toute tension entre lesparents. Il n’y a pas d’enfant heureux et équilibré dans la tension et le déséquilibre du couple parental.

 

Le burn out parental
Liliane Holstein,
Editions Josette Lyon

 

 

LE BURN OUT PARENTAL LÈVE UNE RÉFLEXION SUR UN TABOU SUPRÊME: LA DÉPRESSION LIÉE À L’ÉPUISEMENT PARENTAL
Alors que fonder une famille représente un idéal pour la plupart des adultes et la naissance des enfants, le plus beau jour de leur vie, il arrive de plus en plus fréquemment que ce joli rêve se transforme en cauchemar.
Cet ouvrage démonte les rouages de la mécanique infernale du « burn out parental », signal d’alarme d’un malaise familial global. Après un état des lieux qui examine les diverses situations de désordres rencontrées, au fur et à mesure des phases à risques de l’enfance, des réponses sont apportées aux parents pour reprendre confiance en leurs capacités à gérer une autorité cohérente et positive capable de rétablir la place de chacun.
Le couple parental y trouvera également des clés pour se retrouver dans une alliance faite de confiance mutuelle, d’amour, de complicité et de réelle solidarité dans l’éducation des enfants.

 

 

ES : Y a-t-il des erreurs importantes à éviter lorsqu’on devient mère ?

LH : Il faut que la mère veille à ne pas faire couple avec son enfant. C’est un des gros travers que parfois les femmes ont avec leurs enfants, surtout lors d’une première naissance. C’est une erreur de comportement qui perturbe énormément les enfants. Non seulement cela perturbe le couple mais cela perturbe psychologiquement et profondément les enfants. Il ne faut surtout pas laisser entrer une compétition également entre les deux parents. Il n’y en a pas un qui doit faire mieux les choses que l’autre. Il faut être vraiment totalement solidaires et complémentaires avec un enfant.

La gentillesse et la bienveillance aussi face aux gestes de l’autre, ne pas le critiquer, ne pas penser qu’on fait mieux que lui. Pour l’enfant, à partir du moment où il y a de l’amour, de la gentillesse, de la douceur, tout sera bon. C’est ce qui constitue des sortes de briques de construction formidables pour sa vie psychique et physique.

ES : Est-ce que  montrer à l’enfant le modèle d’un couple amoureux et solidaire a des retombées positives sur sa vie amoureuse d’adulte ?

LH : Rien n’est plus équilibrant pour un enfant. C’est un modèle d’harmonie pour sa vie d’adulte plus tard. Forcément, il prendra toujours modèle et appui sur ce qu’il a vu dans son couple parental consciemment mais surtout inconsciemment. C’est encore plus évident, lorsque un enfant n’a pas à faire la police entre ses parents, lorsqu’il n’a pas à jouer à l’antidépresseur et au psychologue pour eux dans ses jeunes années, il est souvent bien plus heureux et plus solide dans sa vie d’adulte, plus tard. Il a juste à grandir dans la paix et l’assurance que ses parents s’aiment.

Belle parentalité les amoureux !

 

 

Liliane HOLSTEIN, Psychanalyste et thérapeute des relations familiales, THERAPIES DE COUPLES

Liliane Holstein est également auteure de trois livres : “Le burn out parental”, “Le Syndrome de la mouche contre la vitre” et “La magie du couple heureux” aux éditions Josette Lyon/Trédaniel.

Boulogne Billancourt

Tel :  01 48 25 67 11  ou  06 33 21 31 21

www.psychanalyste-holstein.com

 

 

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