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Jean-Luc Duez, un amour qui s’efface

Jean-Luc Duez, le tagueur de mots d’amour, s’est effacé le 16 avril dernier. Avec lui s’effaceront les mots “Amour” qu’il écrivait la nuit par centaines, depuis 16 ans, dans les rues parisiennes. Artiste peintre, clameur de poésie hip hop, le tagueur nocturne était surtout un grand amoureux.

Jean-Luc Duez a connu le grand amour pendant deux ans. Il peignait des aquarelles, des trompe-l’oeil et vivait de son métier de décorateur de panneaux publicitaires. Lorsque la femme qu’il adorait le quitte, tout semble basculer. “Avant elle, il n’y avait rien. Après elle, il n’y a plus eu de place pour autre chose.” Alors, à genoux, au pied de l’immeuble où elle habitait, il commence à dessiner des fleurs de lotus, comme autant de messages d’amour.

Des messages ignorés, refusés qui ne trouvent que l’écho d’un amour perdu à jamais. Une réalité trop dure à accepter. L’amoureux abandonné sème son amour sous les pas de sa belle. Il écrit “je t’aime” sur le trajet qu’elle parcoure pour aller travailler, dans les rues qu’elle emprunte régulièrement.  Un jour, il ne peut plus. Il n’a plus le droit de la voir pendant trois ans. Elle a porté plainte pour harcèlement.

 

Le mot interroge les passants

Pourquoi ? Qui ? Longtemps on s’est demandé qui pouvait bien tracer ce mot sur les trottoirs parisiens. Ils apparaissaient ça et là, au pied d’un lampadaire, au bord d’une poubelle, à la sortie d’une gouttière, au coin d’une boîte aux lettres. Soigneusement écrit, en lettres blanches, le mot “Amour” est apparu, isolé, propre, élégant, il souriait à nos cœurs. Discrètement posé, il nous interpellait, comme une révélation subite, un clin d’œil venu d’ailleurs. Tout à coup les pas pressés s’arrêtent, prennent le temps de regarder, presque de se recueillir. Il s’adresse à tout le monde, il interpelle chacun et chacune , se rappelle à leur vie, à leur énergie universelle, “ce sentiment essentiel” comme il disait.

 

Moi aujourd’hui, j’ai pas besoin d’être aimé, c’est à dire,  je suis capable de produire mon propre amour.

 

Amour, un mot écrit au monde parce qu’un jour il a décidé de ne plus écrire “je t’aime” à une seule personne. Grâce à ce mot, Jean-Luc Duez ne demande plus l’amour à corps perdu, il donne l’amour. Il se libère du besoin d’être aimé. Il explique un jour, en 2009, dans une vidéo de Jean Cemeli  “Amour… c’est la nature de l’être humain. On dit que l’homme est capable d’amour mais, entre être capable et produire, c’est autre chose. Or l’être humain a des capacités de produire son propre amour qui lui permet d’accéder à la liberté. Et beaucoup de gens ne sont pas dans cette conscience d’avoir cette possibilité, alors ils sont dans la demande. Ils demandent d’être aimés. Moi aujourd’hui, j’ai pas besoin d’être aimé, c’est à dire,  je suis capable de produire mon propre amour. François D’assise dit “Aimez plutôt que d’être aimé”.

Dans une autre vidéo de Cyril Skinazy, il raconte tout ce que cette démarche lui apporte “J’essaie toujours d’être au service des autres, par exemple avec cette histoire d’amour, je demande à des personnalités du spectacle, des arts, de la mode, d’être porteurs d’amour et je photographie donc les gens avec simplement “Amour” écrit sur eux. Plus je donne, plus je reçois. C’est en donnant principalement, en essayant de redistribuer ma propre richesse que je peux enrichir l’univers. Aujourd’hui je n’ai pas besoin de retour, je ne cherche pas à plaire. C’est vrai que mon travail plait, donc j’ai déjà une rétribution…ça entretient une bonne vibration dans ma vie…je ne demande pas plus.”

 

Merci pour ce passage amoureux

Chapeau de paille à la Van Gogh, gilet de cuir noir et bermuda, il arpentait les rues parisiennes. Dans les quartiers, on le reconnaissait, les commerçants lui demandaient d’écrire “Amour” sur leur vitrine. Il l’écrivait en hébreu, en chinois… Cinq lettres blanches, tracées avec lenteur et application, genoux à terre. Une offrande éphémère qui s’effacera avec la pluie et le vent. Comme la vie et l’amour, juste une affaire de temps qui passe et qui s’efface. Cependant, même si la trace s’efface sur le trottoir, sans doute restera t-elle encore dans certaines mémoires. Merci pour l’Amour Jean-Luc Duez.

 

 

Author: Élise Simplon

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