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Noir, c’est noir, tout est trop tard !

Noir, c’est noir, pourtant elle veut encore y croire. Que faire pour repeindre en rose les murs d’une vie trop grise ? “Rien, plus rien au monde”… l’impitoyable réalité des illusions d’une femme qui s’effondrent. Une pièce de Massimo CARLOTTO, au Théâtre de la Contrescarpe à Paris.

Noir, c’est noir dans cette vie, où rien n’est juste, ni équitable. Une vie qui pousse à fuir la réalité en rêvant à ce que l’on n’a pas. Une vie gonflée d’illusions, que l’on vit par procuration, en passant son temps devant la télévision… Qui sait, si un jour, elle aussi, pouvait mettre des lumières dans sa vie ? Si elle n’avait plus à compter, sou par sou, les dépenses du quotidien pour elle, sa fille et son mari ?

“Rien, plus rien au monde”… Du Zola au XXI ème siècle ! Cela existe donc encore les inégalités sociales, les écarts de vie et de salaire, les pauvres et les riches, ceux qui mangent bien et ceux qui se rendent malades ? Mais oui, mais oui, ma brave dame ! Y paraîtrait même que ça en rend certaines complètement folles ! P’tête bien que c’est à force de manger du requin à la place du thon ? D’un autre côté, faut bien avouer que c’est pas facile de voir toutes ces paillettes et ces richesses à la télé, et de se contenter d’une vie au jour le jour, à bon marché.

Photo tous droits réservés Fabienne Rappeneau.

Toute utilisation, diffusion interdite sans autorisation de l’auteur.

3 chaises en plastique, des assiettes en faïence et un éventail pour décorer une table haute et une table basse, un sac de courses… Le décor est planté.

Elle raconte sa vie, la bouteille à la main. Aujourd’hui, elle a davantage envie de boire que d’habitude.

L’alcool brouille tout, l’alcool endort et plonge dans la confusion. Elle ne veut plus de gris dans sa vie. “…des ailes et des cuisses de poulet achetées en promo par paquets de deux kilos”, ça non, elle n’en veut plus. Elle raconte ses soucis, ses envies, ses regrets, ses frustrations, ses désillusions et ses rêves les plus fous.

Elle parle de tout : ce qu’elle n’a pas, ce qu’elle a perdu, ce à quoi elle s’accroche encore. Elle ferait tout pour avoir de l’argent et vivre ses rêves, au risque de se perdre et de tout perdre.

Mais ces rêves lui appartiennent-ils ? Ce monologue intérieur n’est-il pas celui d’une société qui n’a pas de sens, et d’une certaine culture qu’elle n’a pas pu remettre en cause ?

Photo tous droits réservés Fabienne Rappeneau.

Toute utilisation, diffusion interdite sans autorisation de l’auteur.

Noir, c’est noir… elle a du mal à voir. Son esprit enrôlé répète de vieilles leçons apprises. Une femme, c’est fait pour être admirée, bien maquillée, en jupe et en talons aiguilles. Une femme, c’est fait pour se faire entretenir par un homme qui a beaucoup d’argent.

Un homme doit pouvoir réaliser les rêves d’une femme, sinon c’est un raté. D’ailleurs le sien est un double raté : il n’ a pas d’argent et il ne peut plus faire l’amour – du moins sans les petits cachets.

Et l’amour dans tout ça ?

Pour les filles, dans les quartiers défavorisés, c’est le risque de se faire “engrosser comme une lapine”. Les filles, c’est pas comme les garçons, “…faut les surveiller comme le lait sur le feu.”

Pour elle, femme d’ouvrier licencié resté au chômage pendant deux ans, c’est l’amour au Viagra. Après son licenciement, son mari est devenu comme impuissant à faire l’amour. Du coup, plus rien n’est comme avant. Ce qui n’arrange rien, c’est qu’ils n’en parlent pas. Peu d’intimité et pas de communication profonde entre eux. Leur vie passe à regarder vivre les autres par la fenêtre ou à la télévision. Mais chez eux, au plus profond d’eux-mêmes, cela reste résolument fermé à la lumière.

Noir, c’est noir, pourtant elle semble encore y croire. Sa fille est belle, elle devrait pouvoir y arriver en échangeant son corps et sa beauté contre de l’argent. Mais elle ne veut rien entendre. Elle préfère une vie tranquille, en jean, en pull et en baskets. Elle s’est souvent fâchée contre elle pour cela. Pourra-t-elle faire la paix avec sa fille et continuer de rêver devant la télé ? Est-il déjà trop tard ?

“Rien, plus rien au monde”, l’histoire d’une femme, interprétée dans son authentique simplicité par Amandine Rousseau, mise en scène par Fabian Ferrari.

Le texte de l’auteur italien Massimo Carlotto est revisité à la française. La fiat se transforme en renault, le vermouth en pineau et la chanson de Gino Paoli “Il cielo in una stanza (Le ciel dans une chambre) devient “Emmène-moi danser ce soir” chantée par Michelle Torr…

Un moment de lumière dans un texte très noir, mais tellement réaliste !

Février/Mars mardi :19h mercredi :21h Texte : Massimo CARLOTTO Mise en scène : Fabian FERRARI Distribution : Amandine ROUSSEAU Durée : 55 minutes

Rien, plus rien au monde

Théâtre de le Contrescarpe : 5 rue Blainville, 75005 Paris

theatredelacontrescarpe.fr

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