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La femme ne se fera pas sans l’homme

La femme existe, elle est une entité à part entière, un être humain doué de qualités, de capacités, d’intelligence, d’esprit critique, d’initiative. Elle a des droits, une identité, elle est libre, elle s’inscrit dans l’histoire de l’humanité… Une évidence ? Pas tant que ça.

La femme a des droits. Pour s’en souvenir et faire un bilan de ses revendications, on célèbre tous les 8 mars depuis 1977,  la journée internationale des femmes. C’est l’occasion de se rappeler qu’elles n’ont  pas toujours eu l’image que nous leur connaissons aujourd’hui. Une image d’ailleurs très récente. Ce n’est que depuis les années 1970 que l’on s’intéresse à l’histoire des femmes. Ce qui tendrait à penser, qu’avant, elle n’existait pas. La femme, celle qui a une identité et qui revendique sa différence, celle qui a une histoire dans le parcours de l’humanité, est née en 1970. Avant, la femme était davantage un rôle, une fonction. Elle était mère au foyer ou occupait des postes sans responsabilités : ouvrière en usine, vendeuse en magasin, couturière, nourrice… Nous devons aux  historiennes, Michelle Perrot, Yvonne Knibiehler les premières études sur l’histoire des femmes dans l’histoire.

L’image de la femme

Dans son livre “L’éducation des filles au XIXème siècle”, Françoise Mayeur, également pionnière de l’histoire des femmes, écrit :  “Beaucoup de livres de pédagogie sont rédigés de telle sorte qu’on pourrait croire que les filles n’existent pas. L’élève n’est pas abstrait pour autant : il est masculin voilà tout”.

 Au XXème siècle, elle est mère au foyer, primée pour le nombre d’enfants qu’elle engendre, et préparée dès l’enfance à incarner son rôle de ménagère parfaite. Sous le gouvernement de Vichy, durant la deuxième guerre mondiale, la loi du 18 mars 1942 rend “l’enseignement ménager familial” obligatoire pour les jeunes filles. Par la loi du 11 octobre 1940, la femme mariée et de plus de 50 ans n’a pas accès aux métiers du service public et se voit écartée du secteur privé. Ce n’est qu’à partir de 1965 que la femme est reconnue capable d’ouvrir un compte en banque et de signer des chèques sans l’autorisation de son époux. Cette loi rend les époux égaux devant la gestion des biens et les responsabilités.

Le droit de vote

l’ordonnance du 21 avril 1944 qui proclame le droit de vote pour la femme ne fait pas l’unanimité. Lorsque Robert Prigent et Fernand Grenier proposent que “les femmes soient éligibles et électrices dans les mêmes conditions que les hommes”, beaucoup d’hommes se demandent si leur niveau d’instruction est suffisant pour voter correctement.

Plus nombreuses dans les universités, elles se font, par contre, beaucoup plus rares dans les filières scientifiques et les écoles prestigieuses.

La femme ne s’implique que progressivement dans ce nouveau rôle. Elle a du temps à rattraper. Son apprentissage est à faire. Les années 1970 marquent le premier tournant. Elle commence à participer au vote autant que les hommes. Mais, il faut que vingt ans se passent pour voir naître l’idée de la parité homme/femme sur la scène politique. En 1991, Edith Cresson est nommée premier ministre par François Mitterrand. Et depuis ?… Que des hommes.

Pourtant une réelle poussée universitaire s’exerce après 1968 pour la femme. En 1971, 78 705 filles décrochent leur bac contre 65 024 garçons. Plus nombreuses dans les universités, elles se font, par contre, beaucoup plus rares dans les filières scientifiques et les écoles prestigieuses.

De son côté, Le MLF (Mouvement de libération des femmes) active les débats sur les droits de la femme. Elles revendiquent le droit de disposer librement de leur corps. Simone Weil, à force de détermination, obtient la dépénalisation de l’avortement en 1975. Un droit, toujours remis en cause aujourd’hui par certaines associations de défense contre l’IVG.

Les années 1970, c’est aussi la libéralisation de la sexualité. Des tabous sautent, on fait l’amour plus librement. La contraception, rendue effective en 1974 y contribue pour beaucoup. Mais la liberté a ses dérives. Certains ont utilisé le corps nu de la femme pour l’exhiber sous toutes ses formes. Ce corps qui revendique respect et indépendance devient un objet de consommation. Son image, aguichante et sexualisée, est utilisée à outrance dans les magazines, les affiches publicitaires, les films. Elle est dégradée dans la pornographie.

Et maintenant ?

De nos jours, la femme travaille autant que l’homme. Pourtant, bien que la loi de 1972 décrète l’égalité des salaires et que la loi Roudy impose l’égalité professionnelle en 1983, on observe toujours une inégalité des salaires de 24%, et cela en dépit d’un niveau d’études supérieur des femmes. D’après les plus récentes études, il ressort que la femme est souvent la plus diplômée dans le couple.

Elles revendiquent aussi de meilleures conditions de vie dans le quotidien. Épuisées par leur double casquette, mères et femmes actives, elles demandent des systèmes de garde pour leurs enfants et le partage des tâches domestiques à la maison.

La faute à une culture obsolète

Il ne s’agit pas de diaboliser les hommes, ni de victimiser les femmes, mais plutôt de comprendre pour mieux avancer ensemble. Les hommes ne sont pas des persécuteurs de femme. Ils sont simplement conditionnés comme la femme. Certains dépendent encore de l’image ancestrale d’une certaine virilité qui relègue la femme à un rang subalterne. Les autres, affranchis de cette dépendance, fonctionnent selon des valeurs culturelles attribuant des rôles et des places qui n’inscrivent pas encore la femme dans une relation d’égalité avec  l’homme. Cette culture se transmet de générations en générations. Sa critique évolue lentement. Les changements aussi. Acceptons l’idée que, hommes et femmes, nous sommes conditionnés par des valeurs obsolètes qu’il est normal d’analyser et de remettre en cause. Nous sommes en marche, ensemble, pour une histoire commune.

Faisons de l’égalité, le respect et la reconnaissance mutuelle nos valeurs essentielles, et avançons en concordance. La femme ne se fera pas sans l’homme. Et, comme ils sont sur le même bateau, l’homme ne se fera pas sans la femme.

Belle croisière les amoureux !

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