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Les couples en quête d’identité ?

Les couples, le mariage, l’amour, interrogent. Il semblerait qu’on expérimente de nouvelles formules, qu’on cherche un nouveau modèle. Être ou ne pas être en couple, vivre en communauté, éprouver un sentiment polyamoureux ? Un méli-mélo d’idées et de questions qui laissent à penser qu’on ne sait plus trop on l’on en est. Dans l’émission “Demain la veille” sur France inter, une émission présentée par Giulia Foïs, l’historienne Agnès Walch, le sociologue François de Singly, l’écrivaine  Anne-Caroline Paucot, et la juriste Marcela Iacub répondent tour à tour en donnant leur point de vue.

Les couples et l’institution du mariage  sont-ils amenés à disparaître demande Giulia Foïs pour commencer l’émission. Selon Agnès Walch c’est un rite encore important à travers lequel les gens font connaître aux yeux de tous leur état de couple. La forme est donc nécessaire, mais elle change. Les couples ne se marient plus forcément devant Monsieur le curé. Ils se marient civilement devant Monsieur le maire où via un contrat de type pacs (pacte civil de solidarité).

De son côté, François de Singly rappelle que les sociologues pensaient dans les années 1970 que le mariage tendrait à disparaître. Et puis , ils se sont rendus compte qu’il  y a une demande de reconnaissance publique. Pour les couples, il y a ce besoin d’être reconnu à titre personnel.“Il est doux d’être aimé pour soi-même et non pas pour son capital.” Au 19ème siècle, la priorité du mariage n’était pas l’amour. Donc, aujourd’hui on continue de se marier. Et d’ailleurs 73% des couples sont mariés.

Le couple est-il une institution en crise ?

Oui, déclare Marcela Iacub. Selon elle, les femmes se sentent prises au piège dans le couple en raison d’un manque d’autonomie. “Le couple aujourd’hui est encore un facteur qui rend les femmes dépendantes. C’est très compliqué pour les femmes  de se séparer. Le rôle attribué à la femme de s’occuper et d’élever les enfants ne leur permet pas de s’investir dans leur travail, la vie politique. Notre modernité a fait le choix que ce soit les femmes qui s’occupent des enfants et non pas la communauté comme c’était prévu par des théoriciens utopistes à partir du 19ème siècle. Ce rôle de maternage dans le couple elles n’en veulent plus.”

Elle cite Fourier à la fin de son livre qui imagine un autre modèle de société. “Il propose la fin du couple, la fin de la monogamie…ce qui unirait les gens dans une société, c’est plutôt que les gens pourraient avoir de multiples relations et pas seulement une, qu’on puisse ne plus confondre le désir avec l’amour et avec la conjugalité. C’est tout l’inverse de notre monde à nous.”

François de Singly ne partage pas ce point de vue. Plutôt que de parler de la fin du couple, parlons de réinventer le couple. “Ce n’est pas parce qu’il y a du divorce et de la séparation que c’est la fin du couple. C’est la fin d’une certaine conception du couple.”

L’idéal amoureux existe t-il toujours ?

Bien sûr ! répond Agnès Walch, les couples aiment aimer.

“C’est ce qui meut le monde depuis que le monde existe. On cherche dans un couple différentes choses. C’est ça qui va faire peut-être le couple futur. Il y aura un individu qui se mettra en couple parce qu’il cherche du sexe, à un autre moment de sa vie il cherchera une mère ou un père pour ses enfants et puis aussi de l’amitié.”

Il y aurait donc une succession de vies en couple du même individu répondant à  des recherches différentes au cours de sa vie.  Les couples vivraient ces formes sur un court,  moyen  ou long terme.

“Collamourer, c’est pratiquer l’amour collaboratif”

Dans son Dico du futur de l’amour, Anne-Caroline Paucot, décrypte les nouveaux horizons de l’amour. Elle explique notamment le mot “collamourer”qui signifie amour collaboratif.

“Aujourd’hui, on ne partage pas encore le couple. Et le couple reste peut-être encore un peu dans son ennui. Il faut peut-être le réinventer en imaginant d’autres formes.” Elle ajoute qu’avant le statut était clair : on était célibataire ou en couple. Maintenant, ce n’est pas aussi simple. On peut avoir un partenaire qu’on retrouve chaque soir sans être en couple ni même en avoir l’idée. On peut avoir parallèlement d’autres relations.”

Les polyamoureux sur les traces des hippies

Bien que très minoritaires, comme le précise Giulia Foïs, les polyamoureux vivent un peu sur le modèle amorcé par les hippies dans les années 1970. Leur désir est de vivre pleinement leur choix amoureux, sans amour exclusif.

Que faut-il en penser ?  Cette question évoque la période 1968 à François de Singly.

En 1968, diverses vies en communauté ont été expérimentées. Elles duraient quelque mois mais ne marchaient pas. Il ajoute à ce sujet :

“Il y a une enquête qui vient de sortir qui s’appelle “L’amour réaliste” faite auprès de jeunes couples. Ils ont du mal à dire qu’ils sont en couple pour ne pas renoncer à leur vie amicale. Par contre dès qu’il y évocation de polyamour, il y une logique de rupture totale.”

Selon lui, Il peut y avoir le modèle du couple avec quelqu’un de stable pour se construire tout en conservant sa vie personnelle.

Contrairement à ce que disent les polyamoureux, d’une manière générale, les gens sont jaloux.

Agnès Walch répond à l’enquête de l’Ifop révèlant que 33% des femmes ont été infidèles au moins une fois dans leur vie. Que dit ce chiffre ?

Contrairement à ce que disent les polyamoureux, d’une manière générale, les gens sont jaloux. “La femme est devenue un homme comme tout le monde. La femme rattrape l’homme dans les comportements sexuels. Il y aura un plafond de verre, c’est à dire qu’il y aura toujours des gens qui ne seront pas infidèles et d’autres qui le seront. Ce sera peut-être un plafond de l’ordre de 50%, au-delà duquel on n’ira pas.”

C’est quoi l’amour dans tout ça ?

Amour collaboratif, polyamour, couple exclusif, célibat, voire même sologamie (eh oui, une agence de voyage propose de se marier avec soi-même !), c’est quoi l’amour dans tout ça ?

L’amour ? Mais c’est le romantisme bien sûr ! La tendresse aussi…

On parlait du futur et voilà que l’on retourne  plus de cent ans en arrière. Anne-Caroline Paucot  nous annonce une grande nouvelle. Le romantisme est de retour !

“L’hyper technologisation pourrait annoncer un nouveau romantisme. Le siècle des Lumières, c’était le siècle de la raison qui ont fait émerger les nouveaux romantiques. Aujourd’hui, on a le siècle binaire avec des 0 et des 1 qui est en train de faire émerger un nouveau romantisme. Il passerait par les images, par les textes qu’on s’échange, par toutes les petites attentions permanentes qu’on a à l’autre.”

Les hommes vont apprendre à devenir amoureux

François de Singly nous épate aussi en nous disant purement et simplement que les hommes vont apprendre à devenir amoureux. C’est vrai que l’amour est un apprentissage. Mais alors, cela veut dire que les hommes ne savent pas être amoureux ? Non, simplement ils vont apprendre à accepter leur romantisme intérieur. Ils vont, par exemple, écrire des mots d’amour, parler de leurs sentiments… s’exprimer…Enfin !

On finit sur la note positive  et bienveillante de Agnès Walch, un vrai bouquet de fleurs pour la Saint Valentin !

“Les gens ont besoin d’affection et de se protéger du monde extérieur qui est dur et deviendra encore plus dur. Tout sera technologique, tout sera robotisé et il faudra un peu d’humain. Le couple sera peut-être le seul endroit où il y aura un peu d’humain.”

Merci pour ces paroles qui sauvent le couple !

Belle humanité les amoureux !

 

Bibliographie pour la réflexion des amoureux :

  • Agnès Walch, auteure de Où va le mariage ? (Fayard), ou encore Histoire de l’adultère (Perrin).
  • François de SinglyLe soi, le couple et la famille Libres ensemble : l’individualisme dans la vie commune
  • Anne-Caroline Paucot, pour son Dico du futur de l’amour (Editions Propulseurs)
  • et Marcela Iacub pour “La fin du couple” (Stock)

Agnès Walch, Où va le mariage ? Fayard

François de Singly, Le soi, le couple et la famille

Anne-Caroline Paucot, Dico du futur de l’amour, Éditions Propulseurs

Marcela Iacub, La fin du couple, Stock

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