Cadenas d’amour et engagement éternel, tout un symbole. Un symbole fort mais aussi très lourd. Pour connaître le poids d’un serment d’amour, pas besoin de grandes recherches scientifiques. La réponse est sur les ponts parisiens. 20 tonnes de serments ont été enlevées sur le pont de l’Archevêché le 30 novembre dernier à Paris. 35 tonnes avaient déjà été retirées en janvier 2016. Ce serment d’amour, matérialisé par un cadenas que les amoureux accrochent à la rambarde, en guise d’engagement, pèse décidément très lourd.
Les rambardes des ponts parisiens croulent sous le poids des cadenas d’amour. La mairie de Paris a donc décidé d’enlever les grilles du pont de l’Archevêché pour assurer sa sécurité, sauvegarder le patrimoine historique et protéger l’environnement. Après le pont des Arts, devenu culte pour ce rituel qui a commencé en 2008 sur ses grilles, le pont de l’Archevêché est à son tour relooké de plaques transparentes. Cela signifie t-il que le célèbre rituel du cadenas d’amour est mort ? Eh bien non. Le rituel est viral et se propage d’un pont à l’autre. L’amour a des ailes dit-on, il lui est facile de survoler la Seine et de s’attarder de pont en pont. Ainsi, des milliers de cadenas d’amour parent les grilles du pont Léopold Sédar Senghor.
On pourrait se demander d’ailleurs ce qui rend ce rituel si “attachant” au yeux des amoureux. Pourquoi tant de couples choisissent-ils le cadenas comme symbole pour sceller leur engagement mutuel ? Il peut y avoir plusieurs réponses.
L’amour est un sentiment complexe, on le sait. Il est bien difficile de définir l’amour. C’est un sentiment fort et rebelle, qui ne rentre pas facilement dans les cases.
C’est un serment sacré, dans un moment sacré, sur un lieu sacré.
Tout d’abord, déclarer son engagement et le matérialiser en refermant un cadenas, c’est donner une consistance à une idée. On matérialise une parole d’engagement en utilisant un objet qui la représente. L’engagement, idée impalpable, prend alors une forme visible et palpable, à travers le cadenas. Le cadenas devient l’objet, le témoin matériel du serment d’amour des amoureux. C’est ensuite une façon de s’approprier un espace dans la ville pour le marquer de son empreinte. Ce cadenas, accroché à la rambarde s’affiche à la vue de tous. Il exprime son existence et laisse sa trace et sa mémoire parmi toutes les autres. Il participe au rituel collectif en apportant son témoignage particulier.
C’est aussi un geste romantique par excellence. C’est se laisser porter par l’élan de ses sentiments, goûter au délice de l’abandon de soi pour l’autre. On se promet un amour définitif. En jetant la clé dans le fleuve, le retour possible sur son engagement est impossible. La clé est noyée et emportée par les flots. C’est un aller sans retour, le début d’un long chemin inexorable, aux accents d’éternité. De plus, le cours de l’eau incarne le temps qui passe et qui s’écoule dans une même direction. Tout est en phase. C’est un serment sacré, dans un moment sacré, sur un lieu sacré.
Voilà sans doute quelques unes des raisons qui pourraient expliquer l’engouement massif des amoureux pour ce rituel du cadenas d’amour.
L’amour fait souffrir les ponts et le fleuve.
Hélas, ce rituel a des conséquences sur les ponts : il les endommage, les enlaidit, mais aussi polluent les eaux. Dans toutes les villes où les cadenas s’accrochent , Bruges, Rotterdam, Moscou, Prague, Cologne, Rome, Séville, New York, Glasgow et bien d’autres…il faudra, un jour ou l’autre, rompre des milliers de serments en décrochant les cadenas d’amour.
Début 2017, la ville de Paris organisera la vente aux enchères de tous les cadenas récupérés sur les ponts.
Le moment serait-il venu d’immortaliser autrement notre serment d’amour et d’engagement éternel ?
À vous de jouer les amoureux !
Calendrier 2017 avec des photos de Paris.
Styckers sur Paris, spécial amoureux.
