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Ce couple impossible, voué à l’échec

Ce couple sans issue, qui va droit dans le mur, est-il vraiment condamné à l’échec ? Y a-t-il moyen d’éviter sa chute ? Quand tout va mal, certains veulent encore y croire, et parviennent même à redresser la barre. La manœuvre reste difficile, mais pour ceux qui la réussissent, c’est une véritable victoire contre la fatalité !

Ce couple qui ne se comprend pas, qui souffre dans une relation étouffante et épuisante, a une histoire. Il est en lien direct avec le passé de chacun des deux partenaires. Ce qui existe maintenant, découle de ce qui s’est passé auparavant. Cela semble une évidence. Encore faut-il pouvoir le démontrer. De nombreuses recherches et expérimentations ont, par exemple, révélé l’impact de notre type d’attachement dans la réussite ou l’échec de nos relations amoureuses.

Ainsi, le lien que nous créons avec notre partenaire dépend du mode relationnel que nous avons intériorisé, dès notre naissance, avec notre première figure d’attachement (mère, père ou autre personne qui a pris soin de nous). Ce sont les conclusions de la théorie de l’attachement, élaborée dans les années 1960 par le psychiatre et psyhanalyste John Bowlby. L’ensemble de ses observations a permis de déterminer comment notre type d’attachement influence et conditionne le type de relation que nous créons avec les autres. Selon Bowlby, l’attachement joue un rôle primordial dans l’évolution psychologique de l’enfant.

Ses travaux montrent, en effet, que le sentiment de sécurité émotionnelle se construit uniquement si les besoins d’attachement de l’enfant sont satisfaits. Pour cela, dès la naissance, l’adéquation entre ses besoins et les réponses adaptées de sa figure d’attachement, généralement sa mère, est indispensable. La mère doit, par exemple, de manière régulière, savoir répondre dans une juste mesure aux pleurs de son enfant, le prendre dans ses bras, le cajoler, lui sourire, interagir chaleureusement avec lui etc. Cette attitude  positive, cohérente et continue de la figure d’attachement, crée un état de satisfaction et un sentiment de confiance, qui favorisent le bon développement de l’enfant.

Par la suite, Mary Ainstworth, psychologue du développement, met en évidence, en 1978, trois types d’attachement : l’attachement “sécure”, l’attachement “insécure-évitant”, et l’attachement “insécure-ambivalent”.

Quelques années plus tard, Son élève M. Main, complète cette catégorisation en y ajoutant un quatrième type d’attachement : l’attachement “désorganisé ou désorienté”.

Les 4 types d’attachement

L’attachement “sécure” :

A la fois autonome et respectueux, on a confiance en soi et on fait confiance aux autres. On est à l’aise dans nos relations amicales et amoureuses.

L’attachement “insécure-évitant” :

On préfère masquer notre souffrance et prendre nos distances par rapport aux autres. Par peur d’être rejeté, on ne s’attache pas à l’autre. Cette peur d’aimer nous conduit à penser que l’on est mieux seul, ce qui nous évite de souffrir. On a confiance en soi mais pas en les autres.

L’attachement “insécure-ambivalent” :

On a très peu confiance en soi et l’on dépend considérablement du jugement et de la validation de l’autre. On vit dans la peur de ne pas être aimé et d’être abandonné. Cette peur conduit à des attitudes d’exigence et de contrôle à l’égard de notre partenaire que l’on craint de perdre.

L’attachement “désorganisé, désorienté” :

On est méfiant à l’égard des autres, instable et contradictoire dans nos comportements. On pense qu’on ne mérite pas d’être aimé. On préfère fuir nos émotions, nos sentiments, nos besoins, par crainte de les concrétiser et de ne pas être à la hauteur.

Parmi ces 4 types d’attachement, seul l’attachement sécure permet de mettre en place des relations saines et équilibrées avec l’ensemble des personnes que nous côtoyons. Les autres sont souvent génératrices de dépendance affective. La dépendance affective n’est pas une expression d’amour, mais une forte demande d’amour.

En manque de reconnaissance, d’attention, de soutien, d’empathie, de bienveillance, la personne dépendante affective cherche éperdument à combler ses carences affectives. Car, dès notre naissance, et tout au long de notre vie, nous avons tous besoin d’affection et d’amour. En donner et en recevoir participent à notre développement,  ainsi qu’à notre équilibre physique et psychique.

Ce couple voué à l’échec

Le cas d’Hélène et de Matthieu

Ce couple dépendant affectif est formé de deux partenaires qui ont le même besoin de combler des carences affectives, mais qui ne l’expriment pas de la même manière. Lorsqu’ils étaient enfants, Hélène et Matthieu n’ont pas construit le même type de réaction et de protection, face à l’insatisfaction de leurs besoins d’amour, de reconnaissance et de valorisation. Ils n’ont pas, non plus, vécu le même type de blessure. Hélène a construit un type d’attachement « insécure-ambivalent » et Mathieu un attachement « insécure-évitant ».

Cette différence crée un mode relationnel inévitablement tendu et conflictuel.

C’est le cas lorsque Hélène, qui a tellement peur d’être abandonnée ou rejetée, se donne corps et âme dans sa relation amoureuse et attend, tout aussi éperdument, le juste retour de son investissement. Souvent, sa déception est grande quand elle s’aperçoit que Matthieu ne lui renvoie pas, en échange, l’immense charge de reconnaissance et d’amour qu’elle attend de lui. Elle ressent alors un sentiment de rejet et d’abandon avec une intense douleur. Ses blessures d’enfance se réveillent.

En face, Matthieu se trouve dans l’incapacité de répondre à cette énorme demande d’amour. Car sa manière de réagir, lorsqu’un problème se pose dans son mode relationnel, est de fuir. Il préfère ne pas trop s’investir dans sa relation amoureuse, de peur qu’Hélène le quitte un jour. Afin de se préserver de cette souffrance, il évite de trop se rapprocher d’Hélène et d’approfondir le lien qu’il partage avec elle.

Ce type de relation place les deux partenaires en souffrance l’un par rapport à l’autre. Ils sont dans l’incapacité de se comprendre et de se rejoindre. Mais surtout, dans l’incapacité de donner et de recevoir d’une manière satisfaisante et équilibrée.

Un dialogue de sourds

En clair, ils ne parlent pas le même langage et n’utilisent pas le même programme pour exprimer leur demande d’amour et compenser leurs carences affectives. Ils sont confrontés à un véritable problème de communication et de compréhension, l’un à l’égard de l’autre. A travers leurs deux types d’attachement différents, qui produisent des comportements très opposés, les conflits inévitables deviennent insolutionnables car, dans les deux cas, ils n’ont aucun contrôle sur leur vie affective. Ce type de couple est voué à l’échec. Après un peu plus d’un an de vie commune, Hélène et Matthieu ont fini par se séparer. Comment ne pas aller droit dans le mur lorsque l’on vit ce type de relation ?

Il va falloir choisir la bonne direction, si notre volonté réelle, à tous les deux, est d’éviter le mur.

Marquer un temps de pause et de réflexion… C’est le premier geste vital à réaliser. Pour cela il faut qu’au moins un des deux partenaires soit plus ancré que l’autre, et comprenne l’importance de commencer un vrai travail sur soi. Ce travail, qui doit se réaliser à deux, va permettre de prendre du recul par rapport à ce que nous sommes et à ce que nous vivons inconsciemment au sein de notre couple. Il s’agit de s’éveiller et de prendre conscience. Cela passe par une série de questionnements et d’observations, honnêtes, vis-à-vis de soi-même et de l’autre. Cet exercice est essentiel pour accepter sa part de responsabilité dans le blocage de la relation. Il nous amène à voir clairement les barrières qui nous  empêchent de nous comprendre et de construire, ensemble, une relation bienveillante et équilibrée.

De cette manière, nous prenons conscience du caractère malsain et destructeur de notre relation. C’est à ce moment là que le mur nous apparaît  véritablement. C’est aussi à ce moment là qu’il va falloir choisir la bonne direction, si notre volonté réelle, à tous les deux, est d’éviter le mur, autrement dit la rupture.

Se faire accompagner et dépasser nos difficultés

On le voit, sans cette pause vitale, sans ce regard clair sur notre situation, rien ne pourrait concrètement sauver notre couple. Mais attention, la réalisation de ce travail, nécessite un entraînement soutenu et des exercices spécifiques. Il est vivement conseiller de se faire accompagner par des professionnels du couple car, dans un contexte de crise et de souffrance, il est souvent très difficile de faire un point à deux, de trouver l’énergie et les moyens efficaces pour sortir de cette difficulté. L’accompagnement d’un.e professionnel.lle offre un espace de sécurité, de soutien et d’encouragement. Un.une spécialiste du couple aide chaque partenaire à s’engager et à agir pour la guérison de son couple.

L’enjeu est fort, il est donc préférable de ne pas le minimiser. Se libérer d’une relation-piège, ça s’apprend et ne s’improvise pas au pied levé. Il faut prendre conscience du problème, comprendre pourquoi il existe, et accepter de travailler sur soi si l’on décide d’y remédier. Une grande partie du travail réside dans notre détermination à dépasser ces difficultés, pour vivre à deux, une relation saine, solide et apaisée.

“Là où la volonté est grande, les difficultés diminuent.”
Nicolas Machiavel

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