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Abigail’s Party, au Théâtre de Poche-Montparnasse

Abigail’s Party, de Mike Leigh, nous immerge dans la middle class londonienne des années soixante-dix. Dans un décor très kitsch, tour à tour tragiques et comiques, les différents personnages virent et se découvrent au fil des conversations. Un pièce culte en Angleterre, mise en scène par Thierry Harcourt, à découvrir à Paris, au Théâtre de Poche-Montparnasse.

Abigail’s Party, une histoire de dérapage sur fond de fête.  Abigail, 15 ans, donne sa première “party” . Sa mère, Susan, lui laisse la maison et  accepte de passer la soirée chez un couple d’amis, Beverly et Peter, qui reçoivent, ce soir-là, Angela et Anthony, un jeune couple récemment arrivé dans le quartier.

Beverly, la maîtresse de maison, étincelle dans sa robe pailletée et son maquillage outrancier. Elle mène le jeu des apparences. Angela, moulée dans sa combinaison à pattes d’éléphant, ne tarit pas de compliments et d’admiration pour l’intérieur de Beverly. Le matériel s’affiche, s’envie et se contemple. Tout le rêve de la middle class est là, entre deux canapés en cuir et un bar américain. Le modèle de vie idéal des années 70 ! La maison, le jardin, la famille, la voiture et le chien. Les mots s’enchaînent, les réponses se suivent dans une accumulation de convenances sociales. Vodka, whisky, martini, gin, rosé… la soirée est copieusement arrosée. Très empressée de remplir les verres de ses invités, Beverly sert à tour de bras le gin tonic, glace et citron.

 

Photo : Victor Tonelli

 

Quand l’alcool s’en mêle

Bientôt, ces couples comme il faut, bien dans leur vie sociale, apparemment heureux et comblés montrent leur face cachée. L’alcool souffle un vent de vérité. Les vrais visages apparaissent. L’intimité de chacun se déverse et prend sa place sur un surface de moins en moins lisse. Les creux et  remous se forment. Le vide se remplit de désordre. En filigrane des platitudes et banalités d’usage, les non-dits s’expriment et débordent d’émotions incontrôlables.

Lorsque les deux hommes s’absentent, les trois femmes brisent les dernières apparences. Les langues se délient et se soulagent. Elles vivent dans ces années où les femmes se libèrent sexuellement et se découvrent de nouveaux droits. Elles sortent de leur long conditionnement de femmes de devoirs et de reproduction sans plaisir.

Dans cette société encore imprégnée de machisme, elles évoluent dans un paradoxe de libéralisation et de clichés sur fond de consommation sociale. L’alcool aidant, elles s’encouragent dans le dévergondage. Elles ont envie de se marrer et de se bourrer la gueule ! Fuite pour oublier ou zone libre pour expérimenter l’autonomie ?

 

Photo : Victor Tonelli

 

Tout continue, rien ne change…

Quoi qu’il en soit, elles se lâchent et se rendent compte qu’elles ont les mêmes problèmes. Trois ans de mariage et c’est déjà la crise de l’après lune de miel. Les erreurs classiques se retrouvent dans leur relation. Des couples qui se parlent peu, qui s’envoient des jurons à la figure, qui accumulent les rancœurs, les incompréhensions, la mauvaise humeur, les reproches. Les couples dans l’usure du quotidien et les désillusions. Les couples en perte de désir, qui ne s’écoutent plus, ne se regardent plus, se délaissent. Des couples qui deviennent méchants et violents à force de se taire et de ne pas se comprendre. Des couples qui pourraient s’aimer mais qui ne savent pas se le dire.

Abigail’s Party, la classe moyenne des années 70 dans la banlieue de Londres… Ça se passait il y a plus de quarante ans. Pas si loin de nous finalement, car au fond, rien n’a vraiment changé.

A vos strapontins les amoureux !

 

Bravo aux comédiens et au metteur en scène qui ont su teinter subtilement leur personnage d’une palette de vraies émotions. Exercice bien difficile que de mettre de l’émotion sur les mots simples et banals du quotidien où rien ne se dit vraiment, où tout se laisse entendre.

Abigail’s Party de Mike LEIGH , durée 1h25,  à voir au Théâtre de Poche, 75 boulevard du Montparnasse, 75006 Paris.

Adaptation Gérald SIBLEYRAS

Mise en scène Thierry HARCOURT

Avec Cédric Carlier Antony, Dimitri Rataud Peter, Alexie Ribes Angela, Lara Suyeux Beverly, Séverine Vincent Susan

Décor et accessoires Marius Strasser

Représentations du mardi au samedi à 21h, dimanche à 15h. Fin des représentations le 7 mai 2017. Tarifs : De 10 € (-26 ans) à 38 €

Coproduction Théâtre de Poche-Montparnasse et Théâtre Montansier, en partenariat avec France 3, Le Figaro et A Nous Paris

 

 

 

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