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Différences femmes / hommes : une fatalité ?

Différences entre les femmes et les hommes…  Sources de conflits et de rejets dans le couple, elles séparent plus qu’elles ne rapprochent. Mais comment se construisent le féminin et le masculin ? Connaître ces mécanismes nous permettra peut-être de restaurer la paix, et de nous élever en amour.

Différences homme / femme, quelles sont-elles exactement ? Des chercheurs nous donnent les réponses. Les différences qui existent entre les femmes et les hommes sont principalement, et presque essentiellement, d’origine culturelle. Comment se développent ces différences ? Comment devient-on une fille ou un garçon ?

En fait, nous ne sommes pas fille ou garçon, nous le devenons. A l’instar de Simone de Beauvoir, philosophe, qui déclare en 1949 dans le “Deuxième sexe” : “On ne naît pas femme, on le devient.”, Françoise Héritier, anthropologue, confirme que les “attentes sociales à l’égard de l’enfant et de l’adulte sont normées, c’est-à-dire construites dans l’imaginaire collectif et individuel en fonction du sexe et qu’ainsi, d’une certaine façon, le genre, cette attente collective, préexiste au sexe et le façonne.”

Nous ne sommes pas fille ou garçon, nous le devenons.

C’est ce qu’elle explique dans son livre “Hommes, femmes : la construction de la différence”. Elle y regroupe un résumé des interventions de chercheurs, de biologistes, de généticiens, de psychiatre, d’éthologue, de professeurs de psychologie, d’anthropologues, de démographe et de neurobiologiste, réunis à l’occasion d’un séminaire qui s’est tenu du 28 avril au 16 juin 2004 à la Cité des sciences et de l’industrie, s’intitulant “Masculin/ Féminin”.

L’ancrage culturel

Françoise Héritier montre  que l’impact de la culture est considérable dans  notre représentation de nous-même. Elle transmet en effet les valeurs du genre féminin et masculin, de génération en génération. Cette transmission, activée depuis des milliers d’années, conditionne inévitablement notre manière d’être, de penser et d’agir.  

C’est ainsi que, de la même façon qu’ils ont été éduqués et conditionnés à incarner leur genre, les parents induisent et suggèrent à leurs enfants, dès leur naissance, les attitudes et comportements du genre qu’ils vont devoir s’approprier à leur tour. C’est ce qui fait que l’on entendra rarement une petite fille déclarer un jour qu’elle veut devenir “mécanicienne pour automobile” ou un garçon annoncer qu’il veut devenir “nourrice”.

Mécanismes d’influence, qui s’imposent à nous,

le plus souvent de manière totalement inconsciente 

.

Cette théorie qu’il existe des différences entre homme et femme, qu’il est comme normal et naturel de les prendre en compte, sans jamais les remettre en question, pour les retransmettre dans nos modes d’éducation, entraîne avec elle un ensemble de confusions et d’inégalités. C’est entre autres, ce qui est à l’origine de nombreuses incompréhensions et disputes au sein du couple.

Les théories erronées des différences homme/femme

Le cerveau des hommes est plus gros que celui des femmes

Catherine Vidal, neurobiologiste, s’interroge sur la taille du cerveau. Y a-t-il un rapport entre la dimension du cerveau et les facultés intellectuelles ?

Contrairement à Paul Broca (anatomiste du XIXe siècle) qui, constatant une différence de poids entre le cerveau de l’homme (1 325g)  et de la femme (1 144g) en conclut, hâtivement, que la femme est intellectuellement inférieure à l’homme, les neurologues d’aujourd’hui montrent qu’il n’existe pas de lien entre la taille du cerveau et l’intelligence. Le cerveau d’Einstein, notamment, dont le poids était inférieur de 10% à la moyenne actuelle qui est estimée à 1350g, en est un illustre exemple.

Catherine Vidal explique qu’en réalité, c’est la qualité des connexions entre les neurones qui est très importante. Plus notre cerveau est stimulé efficacement, plus il développe une activité intellectuelle performante, apportant une réponse appropriée à un besoin particulier.

Le cerveau gauche et le cerveau droit 

Dans les années 1970, des neurologues américains développent la théorie des deux cerveaux.

Ils mettent en avant la spécialisation des hémisphères :

  • Hémisphère gauche : spécialisé dans le langage et le raisonnement
  • Hémisphère droit : spécialisé dans la représentation de l’espace et les émotions

C’est sur cette base que l’on attribue des différences psychologiques entre les hommes et les femmes. On explique notamment que l’hémisphère gauche de la femme, plus performant que celui de l’homme, lui permettrait d’avoir un langage plus aisé. Par contre l’hémisphère droit, supposé plus performant chez l’homme, lui permettrait de mieux se repérer dans l’espace.

Or, de nos jours, les nouvelles connaissances acquises grâce aux techniques d’imagerie cérébrale, telle que l’IRM permettant de visualiser le cerveau in vivo, invalident cette théorie.

On s’aperçoit notamment que les deux hémisphères communiquent en permanence et qu’ils ne fonctionnent jamais de manière isolée, ni séparée.

On constate qu’une fonction ne se limite pas dans une seule région cérébrale, mais qu’elle implique un ensemble de zones reliées entre elles en réseau.

Exemple : le langage

Il mobilise l’aire de Broca au niveau de l’hémisphère gauche mais également une dizaine d’autres aires cérébrales qui se localisent autant à gauche qu’à droite de notre cerveau.

Ainsi, qu’il s’agisse du langage, du repérage spatial, de la logique, du raisonnement, ou de toute autre performance cognitive, la seule différence vient de la manière dont chacun (une) utilise son cerveau en fonction des stimuli, et développe diverses stratégies pour résoudre un problème. Là encore, chaque individu active à sa manière, ses propres circuits neuronaux.

Le garçon ne construit pas son cerveau comme la fille

 Nous l’avons vu, dès sa naissance, l’enfant est orienté dans un moule spécifique. Selon son sexe, il va intégrer les codes et les valeurs qui lui sont dédiés et qu’il renforce au contact de ses camarades de jeu du même sexe.

On voit par exemple beaucoup de garçons jouer à la bagarre ou au ballon dans les cours de récréation, quand les filles s’occupent à des jeux de corde à sauter ou se regroupent pour bavarder tranquillement.

Des différences qui commencent à la maison. Stéphanie Barbu, maître de conférence en éthologie et Gaïd Le Maner-Idrissi, professeur de psychologie, expliquent que “Les parents autorisent, encouragent ou censurent certaines conduites selon qu’il s’agit d’un garçon ou d’une fille. Cela en dépit de l’évolution des mentalités : jeux, aménagement de la chambre, habillement. Tout est en lien avec les stéréotypes du genre.”

Ces comportements culturels différents déterminent, entre autres, la manière dont les enfants développent leur cerveau. Cela génère un état d’esprit et des réactions fille/garçon, très différents, qui handicaperont plus tard, profondément, leur capacité de communiquer, de se comprendre, et de pouvoir se rapprocher simplement et naturellement lorsqu’ils seront devenus des hommes et des femmes.

« Ils pensent, ils ressentent, ils perçoivent, ils réagissent, ils se conduisent, ils aiment, ils apprécient »… différemment.

Cette difficulté de se comprendre entre homme et femme, John Gray l’a décrite dans son livre « Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus ». Dans cet ouvrage écrit en 1990, mais toujours bien d’actualité dans nos relations de couple, le psychologue explique que si les hommes et les femmes communiquent si difficilement et se disputent si souvent, c’est parce que « Ils pensent, ils ressentent, ils perçoivent, ils réagissent, ils se conduisent, ils aiment, ils apprécient »… différemment.

Selon lui, ces différences sont liées à un  “conditionnement culturel inculqué par la société, les médias et l’histoire” et il en conclut qu’il est nécessaire de prendre conscience des ces différences, afin de communiquer d’une manière nouvelle et plus saine au sein du couple. Il s’agit d’évoluer et de sortir des schémas stéréotypés des réponses homme/femme qui conduisent invariablement aux mêmes conflits.

Il énumère les valeurs des hommes qui contredisent celles des femmes :

Pouvoir, Compétence, Efficacité, Réussite des hommes se confrontent quotidiennement à Communication, Entraide, Soutien, Bien-être des femmes. Bien difficile de se comprendre, et de vivre en paix, avec des valeurs aussi dissemblables.

Des différences entre l’homme et la femme également confirmées par Philippe Brenot, médecin psychiatre, anthropologue et thérapeute de couple. Selon lui, manière d’être, façon de s’exprimer, sensibilité, relation à l’autre… les dissemblances sont bien réelles. Il faut accepter cette vérité qui orchestre les tensions dans le couple, et apprendre à se décoder. Car, les hommes et les femmes sont équipés de logiciels différents qui ne leur permettent pas de se comprendre. Il est donc nécessaire de prendre conscience de cette réalité et d’apprendre à découvrir l’autre. Comment il (elle) fonctionne ? Pourquoi il (elle) réagit comme cela ? Qu’a t-il (elle) à me dire ? Que cherche t-il (elle) à me faire comprendre ?

Les différences femme/homme ne sont pas une fatalité

Sommes-nous alors condamnés à vivre dans cet état de « guerre » ad vitam aeternam ?

Que l’on se rassure, les différences entre les hommes et les femmes, sources d’incompréhensions, de frustrations, de douleur et de souffrance dans le couple, ne sont pas une fatalité. Le cerveau humain possède une formidable plasticité lui permettant de s’adapter, d’apprendre et de modifier ses conduites !

Et même si ces découvertes sur le fonctionnement et la plasticité du cerveau ne sont toujours pas prises en compte par certains, qui continuent de mettre en avant des aptitudes intellectuelles et des comportements “programmés” dans le cerveau, même si cet obscurantisme fait perdurer les inégalités entre les filles et les garçons : choix des études, des orientations professionnelles… il nous reste la conscience et la motivation.

Deux formidables atouts qui nous permettent de changer, pour avancer, et réparer ensemble cette fracture ancestrale. Il ne s’agit pas, comme le précise Françoise Héritier, de se lancer dans une guerre contre le genre masculin, mais de décider de s’engager ensemble dans une « coopération », une « alliance » afin d’établir un climat serein, de paix, de sécurité, de compréhension, de partage, d’égalité, au sein du couple.

Laisser aller nos différences

Prendre conscience, reconnaître nos différences, les accueillir avec bienveillance, s’ouvrir à soi et à l’autre, écouter profondément, sans rejet, sans jugement, juste être là et reconnaître… Accepter, simplement. Savoir que ces différences existent, qu’elles sont là depuis longtemps… et les laisser passer. Savoir que, maintenant, il est possible de construire notre relation autrement.

Chaque fois que dans un couple, l’un réussit à traiter l’autre en égal et à écouter attentivement ce que dit l’autre, il change le monde même si c’est de façon infime. Il peut savourer personnellement et immédiatement le résultat… 

Theodore Zeldin

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