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La sensualité dans la lenteur

La sensualité, une force qui se déploie magnifiquement si on lui donne du temps. Ralentir permet d’élargir nos sensations, et change notre manière d’aimer. Des minutes en plus qui multiplient l’amour, nous font lâcher nos peurs et découvrir l’extase. Savez-vous que pour atteindre cet état de grâce, il suffit  simplement de se laisser aller ?

La sensualité se développe à l’écart des sensations fortes. Elle se découvre pas à pas, prend le temps d’explorer, de ressentir, d’apprécier. Cette “aptitude à goûter les plaisirs des sens, à être réceptif aux sensations physiques, en particulier sexuelles”(définition de Larousse), navigue aux antipodes de la performance.

Mais comment ne pas faire appel aux sensations fortes et à la performance quand tous les modèles de notre société actuelle tendent inexorablement vers eux ?

L’impossible sensualité

Dans notre culture occidentale, nous apprenons davantage à faire plutôt qu’à être. Un inconvénient majeur qui nous empêche d’accéder au registre de nos émotions et de nos ressentis. Le « faire » plutôt que l’ « être » nous entraîne dans une succession d’actions, souvent automatiques, qui ne nous renseignent pas sur ce que nous vivons intérieurement, au plus profond de nous-même.

La manière conventionnelle de faire l’amour n’est pas le meilleur moyen de développer favorablement notre sensualité. Serait-ce pour cela que la sexualité est souvent source de frustrations et d’insatisfactions dans le couple ? Serait-ce aussi pour cela que la sexualité s’épuise et se lasse après un certain nombre d’années de vie en couple ?

L’amour dans l’absence et le désir de l’autre

Vivre pleinement l’amour, c’est être pleinement présent. Etre présent, c’est être là, dans le moment qui passe. Or, sans s’en apercevoir, beaucoup de couples font l’amour sans être vraiment là. C’est ce qu’expliquent notamment Anne et Jean-François Descombes dans « Le Slow Sex », un ouvrage* écrit en collaboration avec Diana Richardson, sexothérapeute, qui accompagne des couples depuis plus de vingt-cinq ans.

Il existe différentes manières d’être dans l’attente et pas dans le moment présent : se demander si l’autre aime ce qu’on lui fait, chercher à l’exciter pour obtenir sa jouissance, témoignent plus d’une agitation mentale que d’une présence à soi, à son corps et au corps de l’autre. Le partenaire est alors davantage vécu comme un objet devant répondre à des attentes pressantes, qui ne sont pas forcément les siennes. C’est ainsi que l’on se trouve complètement dans le désir de l’autre, incapable même de dire ou de savoir, ce que l’on aime ou ce que l’on veut dans notre sexualité.

Ces artifices qui nous éloignent

C’est de cette manière aussi que naissent les malentendus et les non-dits, qui nous éloignent d’une relation lumineuse et authentique avec notre partenaire. On s’identifie plus à nos rôles qu’à notre être profond. On rentre dans le jeu du « bon amant » ou de la « bonne amante ». L’homme tient souvent à ce que la femme jouisse, peut-être une manière de se prouver qu’il est performant. En conséquence, quand elle n’y parvient pas, la femme simule.

Des habitudes qui n’encouragent pas un rapprochement sincère, libre et harmonieux au sein du couple.

Dans cette confusion, la sensibilité n’est pas mise à l’honneur. L’approche de Diana Richardson montre que pour développer notre sensualité, il est important de revenir au corps, sans brutalité et sans exigence.

Il s’agit de nous recentrer, d’aller à la rencontre de notre vécu intérieur, de nous laisser guider par notre corps plutôt que par notre mental et nos fantasmes. Mais comment y parvenir ?

La sensualité se découvre dans la détente. Elle permet de s’ouvrir à soi et à son(sa) partenaire. Tandis que la recherche de sensations fortes nous insensibilise, la détente nous prépare à décupler nos plaisirs.

Détente, détente et détente…

La détente, c’est s’accorder du temps, c’est relâcher les tensions, abandonner les buts, être disponible à soi et à l’autre . C’est ne rien rechercher en particulier, et surtout pas l’excitation ni l’orgasme, c’est juste se laisser aller dans la conscience des ressentis. Pour percevoir nos sensations, il faut être parfaitement détendu. Il est possible alors de découvrir toutes sortes de sensations nouvelles : fourmillement, courant, vibration…

“Pour que notre potentiel sexuel se révèle dans toutes ses dimensions, il s’agit de redécouvrir la subtilité de notre sensibilité.”


Les sagesses orientales enseignent de vivre dans le moment présent pour en savourer toutes les profondeurs. Il en est de même pour la sexualité.

Aborder l’acte sexuel dans la détente du corps et de l’esprit permet de laisser circuler l’énergie sexuelle. C’est pour cette raison qu’il est primordial de prévoir un temps suffisant  pour faire l’amour. Une vraie rencontre sexuelle en Slow Sex peut se dérouler sur deux ou trois heures. Cela permet à la femme de se préparer pleinement “Les femmes savent qu’elles ont besoin de temps pour avoir vraiment envie de la pénétration. Mais elles le vivent souvent comme un défaut, un mauvais fonctionnement. Elles n’ont pas conscience que ce besoin de temps est inhérent à leur corps de femme, qu’il est un aspect du fonctionnement de leur énergie sexuelle.”

Explorer, sentir, laisser venir

Il s’agit donc de laisser venir les sensations, de donner libre cours à notre nature profonde, d’explorer par les caresses, les regards, les baisers, le contact des organes génitaux, avec ou sans érection, tout ce qui change et se réveille, tout ce qui bouge et vibre en nous. L’essentiel est d’être là, de partager ce moment. Les sagesses orientales enseignent de vivre dans le moment présent pour en savourer toutes les profondeurs. Il en est de même pour la sexualité. L’attention au moment présent, la qualité de notre présence à l’autre et à nous-même nous permettent d’apprécier totalement cet instant et de nous épanouir ensemble.

Le retour à soi

C’est d’abord une écoute de soi. La sensualité vient de notre corps, nous la ressentons à l’intérieur de nous-même. Dans le Slow Sex, cette attention à soi-même n’est pas de l’égoïsme au détriment de l’autre. Cela permet simplement de créer de l’espace et de la liberté en soi, tout en restant ouvert à l’autre.

Réunir nos puissances sexuelles

Le Slow Sex préconise de faire un réajustement des idées à propos des forces. Dans la culture occidentale, c’est uniquement la force dynamique de l’homme qui est reconnue. On ne reconnaît pas le vagin de la femme comme une puissance d’accueil, de réceptivité et de créativité.

Il s’agit donc de prendre conscience de la force dynamique de l’homme et de la force réceptive de la femme. “Pour le Tantra, les énergies masculine et féminine sont des forces égales, mais opposées. Ces deux forces s’attirent et se complètent, comme le yin et le yang. Quand l’homme et la femme s’unissent dans l’acte sexuel, l’interaction des polarités opposées peut mobiliser notre vitalité et générer une expérience sexuelle extatique. Et cela peut se produire sans rien « faire » !”

Ainsi, la circulation des énergies de ces deux pôles complémentaires créent une synergie nourrissante et profondément enrichissante pour les deux partenaires.

L’amour en pleine conscience

Se détendre, être dans le moment présent , revenir à son corps, sont les trois fondamentaux de la pleine conscience. C’est principalement ce qui différencie le Slow Sex de la sexualité conventionnelle, expliquent les auteurs.

Il est donc possible de rester totalement conscient quand on caresse notre partenaire. Il est bon de ménager des pauses : arrêter notre main, écouter ce qui se passe sous notre paume, nos doigts. Il suffit juste d’apprécier ce que l’on ressent, d’être suspendu à notre sensualité.

On écoute notre respiration, peut-être aussi percevons-nous la respiration de l’autre ?

Une communion respectueuse

On est en contact l’un avec l’autre, tout en respectant ce qu’il (elle) est fondamentalement. Ce n’est pas une invasion, mais une communion, un échange subtil et respectueux, qui permet à chacun de rester ancré à soi-même.

La communication verbale favorise cet échange. Il est très important de communiquer sans être dans le reproche, le mécontentement ou l’agacement. On s’exprime et on dit en douceur, dans l’ouverture du cœur, ce que l’on ressent, ce qui fait du bien ou ce que notre corps n’aime pas « quand tu me touches comme ça, je sens que mon corps s’ouvre ; quand tu fais ça, mon corps se ferme. »

Observer l’après…

Après l’acte sexuel, il est bon d’observer comment l’on se sent. Allongés l’un à côté de l’autre, on observe notre respiration, notre état émotionnel, nos sensations. « Aujourd’hui, je suis allé à l’orgasme ou au contraire, je n’y suis pas allé, comment je me sens maintenant ? »

Car, dans le Slow Sex, contrairement à notre conditionnement, l’orgasme n’est pas l’aboutissement obligatoire de l’acte sexuel. Il est seulement un possible que l’on peut libérer en conscience.

Vers une nouvelle sexualité

Le Slow Sex, est une véritable opportunité pour les couples en baisse de désir, en manque de confiance, en recherche d’une autre manière de faire l’amour, ou encore pour ceux(celles) qui rencontrent des problèmes dans leur sexualité. Perte d’érection, éjaculation précoce, sécheresse vaginale, vaginisme etc. C’est aussi une belle occasion de dépasser les pressions, les tensions, les frustrations, les peurs, qui nous empêchent de vivre sereinement notre sexualité. C’est une manière de redécouvrir notre partenaire, d’aller à la rencontre de soi-même, de s’ouvrir à l’autre en développant notre plein potentiel de sensualité. C’est la voie idéale qui permet de sortir des fausses croyances, du mal-être, des insatisfactions, des mensonges, des complexes, des diktats de la sexualité performante, tellement éloignés de l’amour. Le Slow Sex renforce, tout en douceur, notre lien amoureux et notre lien à l’amour.


*Le Slow Sex, S’aimer en pleine conscience : Anne Descombes et Jean-François Descombes, selon l’approche de Diana Richardson, Ed Poche Marabout, 2017

Prendre le temps d’explorer, de ressentir, d’apprécier

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